Les soirées B du Comte

Il est un temps jadis qui, comme le dit la chanson, les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (et qui fut donc le mien), et où le net n'était qu'un vague concept.

Mais que fi, me direz-vous, à quoi bon, vous, les ancêtres, occupiez donc vos longues soirées ? Certainement pas à surfer sur nos mobiles puisque les téléphones ne servaient à cette époque qu'à téléphoner. Je sais, ça parait totalement inconcevable alors que nos chers appareils sont sur le point de nous faire le café. C'est beau la technologie.

Je sens donc que vous trépignez, jeunes impatients, dans mes si chers sièges à pieds galbés époque Vlad Tepes, que dis-je, que vous suffoquez, soumis à l'attente de la réponse à cette question fondamentalement fondamentale : y a-t-il eu une vie avant l'apparition du net ?

Et bien oui ! A défaut de démolir du grou de longues heures durant, et de raconter des tombereaux d'inepties, sommes toutes hilarantes, par claviers interposés, nous nous pliions à un rituel hebdomadaire : la soirée vidéo.

Ingrédients pour réussir une bonne soirée vidéo : le samedi soir, prenez une bande de copains. L'oeil doit être vif et le poil luisant, sinon ils ne sont pas frais (ce qui était souvent le cas). Pendant la préparation de la soirée, ne pas hésiter à arroser généreusement la bande de copains avec moult boissons plus ou moins alcoolisées. Saupoudrez le tout avec diverses cochonneries apéritives qui tiendront lieu de repas. Enfin, le secret de la recette : les films de série B (d'où le nom de cette rubrique, j'admire votre sens de la déduction).

Ne dites rien, je vous sens perplexe, je le vois bien à votre petite mine. Allez, osez le demander. Mais qu'est-ce à donc que c'est quoi même un film de série B ?

On désigne sous le terme de Série B des films dont l'épaisseur du scénario atteint rarement celle d'une feuille de papier à cigarette et dont la réalisation et les moyens financiers sont généralement à la hauteur du jeu des acteurs, c'est à dire ridicules. En résumé, une série B est un film qui s'est voulu sérieux mais qui, comme une frappe chirurgicale à l'américaine, rate complètement sa cible. Ou plus prosaïquement, c'est James Cameron qui aurait tourné Titanic dans sa baignoire.
Il existe aussi, plus bas dans l'alphabet, les séries Z. Là, la démarche du réalisateur est volontaire : il a écrit son scénario (quand il y en a un) complètement bourré sur le zinc d'un bar, les dialogues sont rédigés par un parkinsonien, les acteurs issus d'une pochette surprise. Bref, il s'agit de faire volontairement mauvais, voire très mauvais, au-delà même de ce qu'un esprit humain normalement constitué peut concevoir.

Notez que tous ces films sortaient directement en vidéo sans passer par la case cinéma. Même si de nos jours les salles sont remplies de séries B à gros budgets et qui mériteraient sans problème le Z (vous me suivez ?).

Donc, par cette courte introduction ^^, je vous propose de partager mes soirées B, puisque, me refusant définitivement à mettre un terme à ma crise d'adolescence, ma vidéothèque continue à s'enrichir de ces impérissables chefs-d'oeuvres qui n'ont d'autres mérites que ceux de muscler schwarzeneguèrement les zygomatiques.

PS : une chaîne, M6 pour ne pas la nommer, s'obstine à programmer en journée des monuments du B. Téléfilms généralement en 2 parties, le summum est atteint dans la catégorie des films catastrophes, qui n'ont de catastrophique que les 3 heures d'ennui profond et d'effets spéciaux à la sauvette. Généralement, le générique de fin est le meilleur moment, si l'on ne ronfle pas entretemps.

Et pour inaugurer cette rubrique...

ATROCIOUS

Année : 2010
Pays : Espagne/Mexique
Genre : Milkshake (horreur/psycho/fantastique)
Catégorie : B DeLuxe

Synopsis (garanti sans spoil ajouté)

Une sympathique petite famille va passer un week-end dans une maison réputée - la bonne blague - pour être hantée par une mystérieuse jeune fille. Oups, caméra au poing, la petite famille ne va pas trouver la blague à son goût...

Mon avis (100% mauvaise foi assumée)

Atrocious fait partie de ces films qui ont surfé sur la vague de Paranormal Activity : acteurs illustrement inconnus, ambiance minimaliste, scénario long, très long à démarrer et, comme sur un feu d'artifice, le seul intérêt réside dans le bouquet final.
Je suis sommes toutes partagé sur ce film. Tout comme son clone cité plus haut, on ne peut, au choix, que le haïr ou l'aimer. L'intermédiaire est inconcevable. Je lui reconnais des mérites qui lui valent quand même sa place dans cette rubrique, car la réalisation est bien menée, et je déconseille quand même aux âmes sensibles de regarder les 20 dernières minutes tout seul, dans le noir, par nuit d'orage, avec la pile du pacemaker en fin de charge, et la chute vaut le détour.

Prochaines chroniques : Dream Home, Funny Game.

C'est une très bonne idée ce topic Comte!
Je suis personellement très peu accroché à mon GSM et les soirées films, lectures et jeu sur consoles (ou PC) sont très courante dans mon cas!

Ah les films de série B que du bonheur.

Si ça t'interesse le site "nanarland" contient moult film de série B à Z peut connu tel que le cultisime "Turkish Star wars" ( à savoir un remake de Star Wars) en passant par " L'attaque de la moussaka géante" qui fit trembler la Grèce à son époque!

Sinon la chaine "SY-FY" m'a fait découvrir énormément de film rempli d'animaux géants en 3D ainsi que de fin du monde et d'attaques d'aliens en tout genre.

Si j'ai le temps je passerai un revue un film de 2008 que j'ai vue récemment intitulé " Rubber": la vie d'un pneu tueur!
Quel suspense insoutenable, n'est-il pas ?

Et comment que je connais Narnarland ! ^^ J'ai co-animé sur une radio locale, en 2009-2010, une émission où je chroniquais entre autres les nanards.

Petit souvenir ^^


J'ai découvert et vu Rubber pas plus tard que la semaine dernière, je te laisse l'honneur de le chroniquer ! J'ai rarement vu un film aussi inclassable. Un monument du genre !

DREAM HOME

Année : 2010
Pays : Hong Kong
Genre : crise immobilière sanglante
Catégorie : A (comme aaaaargh)


Synopsis (garanti sans spoil ajouté)

Hong Kong, de nos jours. Cheng Lai-Sheung est une jeune femme dont le rêve absolu est d'accéder à la propriété. Mais cernée par un père mourant et un mari aussi fade qu'un camembert industriel, elle envisage une solution extrême pour parvenir à ses fins.

Mon avis (100% mauvaise foi assumée)

Soyons clairs et allons droit au but : Pang Ho-Cheung fait partie de ces réalisateurs que j'affectionne tout particulièrement pour avoir passé leur tendre enfance à arracher les ailes des mouches ou cramer des grenouilles avec le briquet de papa et qui, quelques années plus tard, font des films. En l'occurrence comme Dream Home.

Ô surprise pour ce genre de film, il y a un scénario, et un vrai même ! Bon, ce n'est pas du béton armé, certes, mais la débauche de sadisme est soutenue par une véritable satyre de la société hongkongaise, tout comme l'a fait, avec brio, George Romero dans ses propres films.

Par ailleurs, il n'y a pas de héros, dans Dream Home, mais une belle galerie de losers à des degrés plus ou moins profonds. Ce qui les rends d'autant plus attachants - ou attachés pour certains d'entre eux. On peut même en voir certains qui jouent avec les tripes, ou plutôt avec leurs tripes qu'ils ne manquent pas de répandre sur le parquet. Ce qui m'amène d'ailleurs a saluer les effets spéciaux, particulièrement soignés.

Seul bémol : pour peu que je connaisse le cinéma d'horreur asiatique, il semble que les codes en soient inviolables : ambiance glaciale, très très peu de musique, un rythme distillé au compte-gouttes. A la longue, ça peut devenir très agaçant, surtout si, pendant votre soirée, vous avez l'intention d'enchaîner avec The Ring ! ^^


Prochaines chroniques :  Funny Game (original et remake)